La Musique Iranienne
Nous avons remplacé le système musical ancien (maqâm) par le nouveau système (dastgâh) il y a moins de deux siècles, ces deux siècles furent une période obscure avec des troubles politiques et des guerres. L’atmosphère religieuse, peut-être a empêché les maîtres de musique persane de rassembler et de renouveler leurs répertoires. Pendant la dynastie Qâjâr (1786 à 1925), et surtout après le « mouvement constitutionnel » de 1906 (mashruteh), à partir de ce décret (mashruteh), nous pouvons dire que la musique a obtenu une reconnaissance légale en Iran ; puis, elle a pu se transformer en relation avec des éléments nouveaux et étrangers : l’enregistrement sur cylindres puis sur disques, avec et sans électricité, la commercialisation de ces enregistrements, d’abord à l’étranger puis en Iran. En fait, la musique iranienne est simultanément obligée d’être confrontée au changement en même temps qu’elle devient légale. Parallèlement, nous constaterons la transformation des styles musicaux et les changements dans la société des musiciens iraniens. La musique persane est une musique monodique qui comporte un vaste répertoire mélodique. Certaines mélodies sont mesurées et ont une forme relativement fixée, comme les ouvertures (pish’darâmad), les divertissements (chahâr’mezrab), les pièces de danses (reng) ou les chansons (tarâneh). D’autres ne sont pas mesurées et s’appuient souvent sur les métriques complexes de la poésie persane. Ces mélodies ou plutôt motifs mélodiques sont désignées sous le nom de âvâz (chant), qu’elles soient chantées ou interprétées sur des instruments de musique. Depuis un siècle et demi, les mélodies de la musique iranienne ont été répertoriées, classifiées et ordonnées en sept collections dastgâh en fonction de leurs affinités et caractéristiques modales. L’ensemble de ces sept dastgâh constitue le radîf. Chaque grand maître en a élaboré une version qui lui est propre. Le choix des poèmes, chantés ou recités sur tel ou tel âvâz, se fait généralement de manière préméditée par le choix d’un ghazal s’accordant avec les motifs mélodiques interprétés, à moins que le chanteur l’ait choisi selon son humeur du moment.
Formes musicales des compositions :
Le chahâr’mezrâb est une forme de composition et d’improvisation parmi les 5 formes existantes dans la musique persane. Elle est devenue incontournable pour n’importe quel joueur de santur qui veut montrer sa virtuosité. Le tempi les plus rapides de la musique persane sont l’apanage du chahâr’ mezrâb. Les rythmes utilisés pour les chahâr’mezrâb sont 6/8, 6/16 et 3/8. Le chahâr’ mezrâb est composé de deux parties : chahâr qui signifie « quatre » en persan et mezrâb qui désigne à la fois le plectre et le coup de plectre. Le chahâr’mezrâb n’est pas très ancien, mais on en trouve très peu dans le radif des maîtres du siècle passé. Les chahâr’mezrâb dans le radif sont très courts et ont une construction simplifiée.
Le pishdarâmad (littéralement « ce qui vient avant le darâmad ») est un prélude mesuré qui peut servir d’ouverture lors d’un concert. Les rythmes utilisés sont en général 6/4, 4/4, 3/4 et 2/4 avec un tempo lent, voire très lent. Cette forme n’est apparue qu’en 1906 ; avant cette date, on jouait peut-être des morceaux en forme d’ouverture, mais ils étaient extrêmement courts
Le reng était auparavant accompagné par une danse. C’est également une forme qui permet la création de compositions. Safvat affirme qui nous soit parvenue, du fait que la danse exista toujours en Iran ».
Le santur
La caisse de résonance du santur est un trapèze isocèle en bois, dont les bases mesurent respectivement quatre-vingt-dix et trente-six centimètres, la hauteur quarante-cinq et l’épaisseur sept centimètres. Sur la caisse sont tendues soixante-douze cordes groupées quatre par quatre, les cordes fixées directement sur la caisse de résonance à gauche viennent s’enrouler à droite sur soixante-douze chevilles qui permettent l’accord à l’aide d’une clé, quatre cordes s’accordant à l’unisson. Les chevalets sont séparés et mobiles. Les cordes passent au-dessus de deux rangées de 9 chevalets : la rangée de gauche supporte des cordes en acier de 0,38 millimètres de diamètre et les chevalets de cette rangée sont placés au tiers de la longueur de ces cordes, ce qui permet de disposer d’une octave supérieure à gauche du chevalet ; la rangée de droite supporte des cordes en laiton (ou en bronze) de 0,40 millimètres qui s’accordent en général à l’octave inférieure des cordes en acier.
Les notes obtenues dans chaque rangée s’étendent de mi2 à fa3 pour la rangée la plus grave de droite, de mi3 à fa4 pour la partie des cordes en acier se trouvant au milieu de l’instrument, et de mi4 à fa5 pour la partie des cordes en acier se trouvant à gauche de la rangée des chevalets de gauche. L’étendue de l’instrument est donc légèrement supérieure à trois octaves. On frappe avec deux petites baguettes pour produire le son. Le santur iranien n’est pas chromatique et les gushi (les chevilles) sont parallèles à la base de l’instrument. Les deux mezrâb, d’une longueur de vingt-deux centimètres, sont taillés en bois de noyer ou de mûrier ; ils se tiennent avec les trois premiers doigts de la main et le mouvement de percussion prend son origine dans le poignet. La majorité des joueurs de santur couvrent l’extrémité des mezrâb avec du feutre pour adoucir le son, d’autres préfèrent utiliser les baguettes nues.
Le zarb (ou tombak)
Pour jouer, on pose l’instrument horizontalement, la partie cylindrique la plus large (le fût) repose sur la cuisse droite, et la partie plus étroite (le col) vient sur la cuisse gauche ; l’avant bras gauche s’appuie sur la fût de l’instrument et la main gauche vient frapper sur la peau d’un mouvement de poignet, tandis que la main droite vient plus librement à droite de l’instrument. Le musicien joue les doigts ouverts ou fermés, en frappant sur trois zones circulaires qui vont du centre vers la périphérie. Un dicton populaire iranien dit qu’un ensemble de musiciens sans joueur de zarb est comme un plat sans sel …