« Ce trapèze m’a rendu fou ! » (Nâzemi)

C’est le grand artisan Nâzemi qui a développé les méthodes de fabrication du santur. C’était le plus fiable, scientifique et efficace, deuxième enfant d’une famille de quatre frères et deux sœurs. D’après son acte de naissance il est né en 1905, mais d’après la déclaration de son père écrite sur la dernière page du Coran il serait né en 1910 .

Parmi les anecdotes connues sur Nâzemi, on dit qu’il raconta ceci : « Il y avait une coutume locale parmi les familles riches de Yazd qui voulait qu’on organisât une grande fête lorsqu’un fils naissait… Quand mon frère naquit, parmi les invités se trouvait un ensemble des plus célèbres chanteurs et musiciens de la région. Ils jouèrent des instruments comme le santur, le luth târ, le kamancheh et le zarb . Le santuriste de l’ensemble était celui qui avait le plus fortement attiré mon attention. J’avais près de huit ans et la sonorité du santur me rendit très heureux. Ce fut mon premier contact avec le santur et un joueur de santur » .

Une autre anecdote de Nâzemi : ce dernier racontait « qu’un menuisier arménien était leur voisin. Un jour, la machine à coudre de la mère du futur luthier tomba en panne ; il alla donc voir ce menuisier dans sa boutique : il le vit en train de fabriquer un santur, qu’il acheta et cacha chez lui afin que son père ne le voie pas, à cause de l’atmosphère religieuse régnant dans sa famille. Il ramassa deux baguettes de bois dans son jardin, et quand son père était absent il montait sur la terrasse et essayait de jouer ». Un jour, son père le surprit et brisa l’instrument. Adulte, il s’installa à Esfahân où il allait dans les quartiers juifs et arméniens et achetait tous les santur qu’il trouvait. Parmi ces instruments il s’en trouvait un fabriqué par Khâchik (le père du grand fabricant de luth târ Yahyâ) .

Un jour, vers 1940, il entendit, diffusé en direct, un chanteur accompagné au santur. Il resta figé et bouleversé par le son de l’instrument.

Plus tard, Nâzemi s’installa à Téhéran et devint l’élève de Somâ’i, celui-là même qu’il avait entendu à la radio. Naturellement, il devait posséder un santur pour apprendre avec le maître : ce dernier lui demanda donc pourquoi il n’en fabriquait pas un lui-même. Aidé par ses conseils, il fabriqua donc son propre instrument et en vendit même un autre (400 tomans, un prix élevé à l’époque) à l’un des élèves de Somâ’i, Qobâd Zafar (1905-1994).

Un jour, à la suite d’une chute en montagne, il perdit l’usage de son pouce et se consacra dès lors exclusivement à la fabrication. Son nom est collé sur une petite carte à l’intérieur de l’instrument et on peut le voir à travers la fleur du santur.
Il nous reste quelques disques (78 tours) de lui . La perfection de sa lutherie a marqué les générations suivantes.

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