Deux expressions importantes à comprendre pour ce qui concerne le statut social du musicien, à l’époque des Qâjar (1786-1925), mais difficilement traduisibles dans une autre langue.
amaleh-ye-tarab veut dire mot à mot ‘’ouvrier du plaisir’’ mais pourrait se traduire dans ce contexte par ‘’ouvrier de la musique’’ ; les mots de cette expression sont d’origine arabe mais l’expression est typiquement persane et apparaît en persan à l’époque des Qâjâr ; cette expression désigne les instrumentistes et chanteurs d’une manière générale mais avec une pointe péjorative plutôt ironique et parfois moqueuse. Cette expression désignait les musiciens en général ; en revanche, l’expression amaleh-ye-tarab-e-khâsseh désignait les musiciens privilégiés, c’est-à-dire ceux qui étaient protégés par la cour.
Le mot motreb est aussi d’origine arabe et possède la même racine que le mot tarab; mot à mot ce mot serait traduit par ‘’celui qui apporte le plaisir’’, mais en fait il a commencé à être utilisé en Iran avant les Séfévides avec son vrai sens de musicien, instrumentiste, chanteur ou chanteur d’hymnes ; le mot motreb est toujours utilisé de nos jours dans ce sens originel dans la langue arabe. C’est à partir du souverain Séfévide Shâh Soltân Hosseyn (1694-1722) que le mot motreb prend une signification extrêmement péjorative. Cette signification péjorative qui fait référence au plaisir, au lucre et pourquoi pas à la débauche, a perduré jusqu’à la période des Qâjârs où le mot motreb désigna alors plus particulièrement les membres des dasteh (le mot dasteh peut désigner un bouquet de fleurs, un groupe de personnes, un ensemble d’acteurs de théâtre ou un groupe de musiciens)
Il faut noter ici qu’aujourd’hui encore le mot motreb a gardé son sens péjoratif ; il est employé de nos jours pour désigner des musiciens frivoles, gagnant leur vie dans les cabarets ou les restaurants ; il a en fait le sens d’amuseur public parmi les musiciens contemporains ; de ce fait, dire aujourd’hui d’un musicien classique qu’il est un motreb, peut être considéré comme une insulte.

 

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