C’est en 1949, trois ans après la disparition de Somâ’i, que Pâyvar (1932-2009) devint l’élève de Sabâ. Il devint vite un collègue précieux pour Sabâ qui a publia en collaboration avec lui quatre recueils de notations du radif pour le santur. Très aguerri par cette expérience, Pâyvar, parmi ses compositions, nous a légué ses trente pièces de chahâr’mezrâb qui résument aujourd’hui tout le jeu et les techniques de cet instrument. Il était le seul maître de musique persane, avec plusieurs activités : l’enseignement, la composition et les concerts. Il publia beaucoup de partitions et, surtout, il enregistra de nombreux solos de santur. On lui doit un répertoire complet pour le santur, une dizaine d’heures, sous la forme de disques 33 tours, de cassettes et de CDs en Iran, en Allemagne et en France. J’ai personnellement édité une cassette et un CD

Il fut le premier santuriste, ou l’un des rares, à avoir rassemblé un ensemble de musiciens dans les années 1960 avec lequel il donna de nombreux concerts. Il rassembla toutes les compositions classiques et les arrangea selon ses goûts. Grâce à lui, on a pu préserver notre héritage musical. Son ensemble, essentiellement constitué d’instruments persans, était reconnu pour sa justesse, son rythme, ses nuances, sa sonorité. Il est très difficile d’accorder ensemble plusieurs instruments iraniens, surtout quand l’ensemble comporte un kamancheh. « Pâyvar est sans doute le plus grand joueur de santur de la jeune génération, il connaît parfaitement le radif, possède une technique éblouissante et raffinée et a publié une méthode de santur très courue ».

Il estait issu d’une famille aisée et cultivée. Son grand-père, Mosavar od-Dowle, était peintre et musicien à la cour des Qâjârs et son père était peintre et professeur de français. Élevé dans un contexte familial où l’art avait une place importante, il s’orienta définitivement dès l’âge de 17 ans vers une carrière artistique. Il s’initia donc à la musique sous la direction de maître Sabâ pour apprendre le santur. Il étudia pendant dix ans et acquit la connaissance du cycle intégral du radif ; après la disparition de son maître, il approfondit encore ses connaissances auprès des maîtres incontestés de son époque, Davâmi, Ma’rufi et Borumand.

À partir de 1962, il séjourna en Angleterre quelques années ; il y apprit l’anglais et enregistra régulièrement pour la radio BBC des parties du radif. À son retour, grâce à son travail acharné, il transcrivit tout le répertoire de la tradition orale en notation européenne et par sa créativité composa de nombreuses pièces instrumentales pour soliste et orchestre. À partir de 1965, il poursuivit sa carrière musicale au Ministère des Arts et de la Culture, d’abord en tant que professeur de santur puis comme chef de l’Orchestre National de la Radio-Télévision, pour lequel il écrivit également les arrangements.

Si Somâ’i fut le dernier d’une lignée d’ancienne tradition, Pâyvar fut sans nul doute le premier maître d’une nouvelle génération.

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