On fait habituellement l’hypothèse que le système de dastgâh est né à l’époque des Safavids et qu’il mûri lentement pour se finaliser durant le règne de Nâser od-Din Shâh (1848-1896) grâce à la famille Farâhâni et surtout Ali Akbar (décédé vers 1860) et il aurait été transmis aux élèves par ses deux fils, Mirzâ Abdollâh (1844-1919), maître du luth setter, et Aqâ Hoseyn Qoli (1845-1915), maître du luth târ.

Un changement important dans le système modal semble avoir eu lieu il y’a environ deux siècle, comme l’indique le passage du mot maqâm (terme arabe ancien), au mot dastgâh (persan moderne).
Ces deux siècle furent une période sombre avec des troubles politiques, des guerres et des problèmes religieux. Ces conflits empêchèrent-ils les maîtres de musique persane de rassembler et de renouveler leurs répertoires?
Comment et quand la musique iranienne a-t-elle commencé à se distinguer? La réponse n’est pas simple.
Selon Safvat: « Il serait téméraire de vouloir dater les origines du radif, même approximativement. Le radio existait-il déjà sous Safavids (1502-1722), lorsque la capitale était Isfahan et qu’il y florissant une grande tradition musicale? Celle-ci étant orale, bien des radif ont été perdus. Au début de notre siècle, il y avait encore des maîtres qui détenaient des radis très remarquables. Malheureusement, seules quelques traces en subsistent, et il semble que les plus beaux radif aient disparu ».

Sur l’avènement de ce classement si méthodique et si particulier à l’Iran, Bruno Nettl émet une hypothèse intéressante: il pense que Mirzâ Abdollâh et les musiciens de l’époque connaissaient la musique occidentale, d’ailleurs Darvish Khân (1872-1926) et Vaziri ont tous deux étudié auprès de compositeurs occidentaux; Il est possible selon Nettl que ce système de dastgâh ait donc été inspiré par la méthodologie occidentale. Les mélodies (gusheh) de la musique iranienne ont été ordonnées et classifiées en 7 collections (dastgâh) en fonction de leurs ressemblances et de leurs enchaînements, cet ensemble constituent le répertoire, radif.

Nettl: « Le radif est le principal emblème, et le coeur de la musique persane, une forme aussi essentiellement persane et nationale que les tapis et les délicates miniatures ».

Pendant la dynastie Qâjâr (1786 à 1925), et surtout après le « mouvement constitutionnel » de 1906 (mashrûteh), une seule version parmi les répertoires nous est parvenue. À partir de ce décret (mashrûteh), nous pouvons dire que la musique a obtenu une reconnaissance légale en Iran ; puis, elle a pu se transformer en relation avec des éléments nouveaux et étrangers : l’enregistrement sur cylindres puis sur disques, avec et sans électricité, la commercialisation de ces enregistrements, d’abord à l’étranger puis en Iran. En fait, la musique iranienne est simultanément obligée d’être confrontée au changement en même temps qu’elle devient légale. Parallèlement, nous constaterons la transformation des styles musicaux et les changements dans la société des musiciens iraniens.

Il faut noter que la plupart de ces radif rassemblés par des joueurs de luth à manche long târ et setâr étaient destinés à l’interprétation publique ou personnelle et à l’enseignement. Le luth târ était toujours un instrument majeur, alors que le nombre de joueurs de santur était très restreint, et nous ignorons le contenu de leurs répertoires de ces derniers. Nous ne possédons aucune transcription du radif avant le début du XXe siècle. Jean Batiste Lemaire (1886-1910) a écrit une partie du dastgâh-e mâhur en 1900, et ensuite son élève Sâlâr Moazzez (1861-1935) transcrivit une partie du même dastgâh en 1921. La première notation complète écrite du radif est le travail de Mehdi Qôli Hedâyat (1882-1955) en 1951, qui tient sa source de Mehdi Solhi, le meilleur élève de Mirzâ Abdollâh, et le radif de Marufi, édité en 1963. Ce radif comporte 452 gusheh. La deuxième notation du radif est due au travail d’Ali Naqi Vaziri (1887-1979) qui a transcrit pendant trois ans le radif de Aqâ Hoseyn Qôli (1853-1915) ; malheureusement, cette dernière notation a été perdue (à l’exception du dastgâh-e chahârgâh) lors de son séjour d’étude en Europe. Pour sa part Sabâ transcrivit aussi ce radif pour le setâr, mais la notation en fut également égarée.

Je vais présenter plusieurs radif que nous connaissons, parmi lesquels ceux de Téhéran; depuis, le contenu de ces radif n’a pas changé et l’enseignement et la pratique du radif demeurent semblables. La pratique du radif est née à l’époque Nâser od-Din Shâh (1848-1896) et c’est la raison pour laquelle Safvat244 le nomme radif-e nâseri. « Il existe plusieurs versions du radif qui n’ont apparemment guère de différences entre elles : nombre de gusheh dans le même dastgâh, ordre de rangement des gûsheh ou encore goût personnel du maître ; chaque version du radif se personnalise par le nom du maître-musicien qui l’a créé ;

par exemple, le radif de Musâ Ma’rufi (1907-1965) qui comporte 452 gusheh, ou le radif de Mirzâ Abdollâh (1854-1918) rapporté par Esmâ’il Qahremâni (1906-?) qui comporte 230 gusheh, ou encore le radif de Abdollâh Davâmi (1891-1980) rapporté par Mahmud Karimi (1927-1984) qui inclut 167 gusheh, transcrit par Mohamad Taqi Mas’udieh (1927-1998) ».

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